Récemment mis à jour le 22 juin 2024 à 09:48:49
Préambule
J’ai soumis le 2 juin au Temps, sous le titre de “Réplique au tir de barrage contre « Une vie ici, une voix ici … »” , une réplique au courrier de Mme Céline Amaudroux parue le 28 mai 2024 (voir ici pour les non abonnés au joural). Les arguments de Mme Amoudruz ne diffèrent guère de ceux que nos adversaires du MCG, voire du PLR ou même du Centre utilisent routinièrement pour combattre l’initiative, et j’ai profité de l’occasion pour une réponse à deux d’entre les plus courus. Ce qui suit est une version destinée au comité unitaire et à nos propres lecteurs qui contient l’ensemble des intertitres et des notes explicatives que j’ai laissé à la rédaction le choix de publier ou pas pour acommoder les gabarits maximum de la rubrique. A une semaine du scrutin, je n’avais pas attendu l’éventuelle publication pour mettre le contenu à disposition des lecteurs. Le journal n’a d’ailleurs jamais répondu à cette proposition.
Réplique au tir de barrage contre « Une vie ici, une voix ici … »
La conseillère nationale de l’UDC C. Amaudruz se joint au tir de barrage du MCG contre l’initiative[1].
Un scrutin crucial
En 2005, le canton a mis fin au honteux mutisme imposé à la population étrangère la plus fournie de Suisse. Les conseillers municipaux ou administratifs suisses ont été élus en 2020 par l’apport de 88’506 étrangers[2].
On peut faire mieux le 9 juin en rectifiant l’absence du droit de représentation mal nommé en « droit d’être élu », et poussant celui du vote aux frontières de la compétence du canton, et non au-delà[3]. La disjonction entre nationalité et citoyenneté cantonale, est à portée d’un seul bulletin genevois.
Un OUI enrichit immédiatement Genève d’env. 108’300[4] électeurs à égalité de droits et devoirs, une révolution citoyenne pacifique.
En finir avec une exclusion démocratique qui discrédite Genève, tel est l’enjeu du scrutin.
Contre-arguments spécieux[5]
Devoirs sans droits
UDC et MCG se pâment devant la démocratie semi-directe, clament « pas de droits sans devoirs » mais en excluent 41% de la population auxquels, sans léser personne, l’initiative veut l’étendre. Ils avouent parfois que les devoirs auxquels les résidents étrangers échappent se réduisent au service militaire[6] et aux embûches de la naturalisation.
L’initiative se limite aux compétences du canton voulues par la Constitution et ne touche pas à la nationalité. En sus, le droit de regard dépend du même ancrage[7] qu’aux municipales.
Ni clientélisme, ni communautarisme, mais devoirs, au demeurant d’ordre fédéral, parfaitement observés d’un public auquel n’est concédé que celui de se taire[8] !
Clubisme totémique
Une duperie perfide fait rage chez nos opposants et mouche dans le public : la Suisse serait un club dont l’initiative donnerait les clés à de non-membres pouvant y prendre le pouvoir à l’improviste.
Ils font mine d’ignorer que la Suisse est une fédération de clubs, cantons jaloux d’une autonomie consentie. Les étrangers tenus à l’écart ont adhéré au club cantonal et payent une cotisation dont une part fixée en faîtière lui revient. Loin du républicanisme de pacotille, ils sont légitimés à intervenir aux AG, y désigner le comité et même élire des représentants au sommet.
Le passeport témoigne de l’adhésion au fédéralisme qu’on ne nous envie pas assez et n’est pas le totem guillotine d’un club unique et indivisible.
Dario CIPRUT,
président honoraire DPGE,
Le 1er juin 2024
[1] Mme Amaudruz, dans ces colonnes le 28 mai, et pour le MCG resp. MM. Dugerdil, à Genève à Chaud du 28 face à la présidente des Verts genevois, et Baertschi dans la Tribune du 29 en vis-à-vis de J. Repond de notre comité.
[2] Source : OCSTAT, élections municipales 2020. Ils constituaient alors 26.8% du corps électoral.
[3] Il faut le rappeler face à la mauvaise foi persistante à nous entraîner à la comparaison avec les droits qu’entraînerait un allégement hypothétique de l’accès à ceux obtenus par naturalisation
[4] Estimation OCSTAT du 15 mai.
[5] Nous renvoyons pour les détails à la brochure et aux sites vievoixici.ch et dpge.ch pour les arguments échangés jusqu’ici.
[6] Plus exactement l’obligation de servir réservée aux jeunes hommes. Ce point n’est pas contesté par nos adversaires, qui se gardent d’y insister.
[7] 8 ans de résidence en Suisse.
[8] Formulé abruptement par M. Dugerdil, qui confond désir de voter à Genève et d’intervenir au plan fédéral, « ils sont là pour travailler ! ». Nous savons gré à M. Hodgers d’avoir, seul de la majorité du CE, renvoyé M. Murat-Alder à se regarder dans le miroir.