Récemment mis à jour le 20 juillet 2024 à 11:04:34
Ce papier a valeur rétrospective, car sa soumission le 27 mai à la Tribune de Genève n’a pas eu le gré escompté de la rédaction pour parution avant le 9 juin. Sur notre site, explicité pour la circonstance, il servira simplement de témoin pour l’avenir quant à l’attitude de ce parti sur les droits politiques des étrangers. Le PLR genevois y est décrit, en « PLR ou le Pari de La Régression », victime d’une hémiplégie où les urnes jouent le rôle des lobes du cerveau privés de communication: à gauche les urnes pour les non pourvus de passeport ou le vote compte pour beurre, à droite celles des citoyens suisses où on le prendrait en compte.
« PLR ou le Pari de La Régression »
Le PLR, mis à part deux magistrates pionnières en rupture de collégialité[1], n’a guère brillé par l’affichage de sa consigne de vote sur l’initiative Vievoixici. Il a laissé à ses prétendus adversaires MCG et UDC le soin d’exprimer une position calquée sans ambigüité sur la leur, régressive à souhait.
La débilité de l’argument du site pour lecteur pressé surprend. Alors que Genève surpasse les cantons en population étrangère et vocation internationale, le PLR se satisfait de rester en queue romande. Aux fortunés et expatriés d’apprécier l’ostracisme ! Participer aux affaires cantonales serait réservé aux résidents assez « intégrés » pour obtenir le passeport doigts dans le nez. Les 41.6% qui ne l’ont pas fait, dont ceux qui devraient renoncer à leur nationalité d’origine[2], n’ont qu’à bien se tenir !
La version diluée dans le « Nouveau Genevois » (sans rire) par M. Pasquier[3] ne dit rien d’autre. La déchéance libérale saute aux yeux dans la présentation mensongère sur Facebook de devoirs requis au plan cantonal de tous les résidents.
Ce schéma est doublement mensonger. Dans sa moitié supérieure, l’urne de droite approuve les voix des suisses alors que la gauche rejette celles des étrangers. C’est évidemment, première omission, la situation de fait pour le scrutin du 9 juin, mais occulte que depuis 2005 cela ne s’applique pas aux scrutins municipaux. Mais il omet plus gravement de présenter ce qui est en jeu le 9 juin, qui est de lever la barrière en question à l’avenir, auquel s’opppose le vigoureux NON de la moitié inférieure de l’affichette.
Le mensonge est encore plus flagrant dans cette partie inférieure, puisqu’il est notoire que l’initiative 189 ne contrevient en rien aux obligations des étrangers auxquels elle confère les droits qui leur sont aujourd’hui refusés, mais précise les devoirs additionnels, par rapport aux suisses, auxquelles elle entend les soumettre, à savoir une durée de 8 ans de séjour dans le pays. Cette condition, qui à elle seule, réduit de plus de 10% la proportion de la population étrangère concernée (passant de 41% à 30%) est passée sous silence. Enfin, il est occulté que les droits accordés à qui remplilt ces contraintes de séjour ne s’appliquent pas uniformément à tous les types de scrutins, mais uniquement aux scrutins municipaux et cantonaux, ceux portant sur l’ensemble du pays restant l’apanage du passeport suisse. Bref, le PLR ment sur ce qu’il a accepté à propos des communes du canton, ne montre pas ce qu’il rejette dans l’initative et ment de surcroît sur les raisons de son rejet.
Aux mensonges dénoncés s’ajoute de surcroît une incohérence. Le schéma utilisé dans la propagande du parti ne serait en effet cohérent que s’il reprenait la fanfaronnade éhontée UDC[4] de revenir sur l’acquis du vote populaire de 2005, où nos compatriotes avaient accordé aux adultes dès 8 ans de séjour le droit de vote communal. Voilà qui achève de montrer que le libéralisme du parti fait fi des droits politiques pour s’arrêter aux prérogatives fiscales réservées aux banquiers et autres fortunes attirées à Genève. Aux Genevois d’aujourd’hui de finir le travail !
Voter OUI le 9 juin, c’est rompre avec une version déshonorante d’une droite ennemie de la démocratie genevoise, qui Plombe La République.
Dario CIPRUT, président honoraire DPGE, 27 mai 2024
[1] Voir la Tribune de Genève du 27-28 avr
[2] A titre d’exemple Pays-Bas, Belgique, Autriche, Russie, Ukraine, Japon, Chine et quelques autres allant des USA à … l’Azerbaïdjan, rejettent la binationalité. Italie et Allemagne Italie ont abandonné cet interdit resp. en 1992 et 2014. Des exceptions sont souvent tolérées selon la naissance et la filiation.
[3] M. Pasquier cumule députation au GC et CA d’Ônex.
[4] Yves Nidegger, en plénum du 22 juin 2023 du GC, promit de revenir sur ce vote dès le lendemain du nouveau scrutin.