Récemment mis à jour le 9 juin 2024 à 08:31:49
Le 20 mars 2024, M. Christian Pauletto, conseiller spécial de la Conseillère d’Etat du Centre, Mme Delphine Bachmann, a inauguré dans la Tribune de Genève une campagne destinée à discréditer l’initiative «Une vie ici, une voix ici …renforçons notre démocratie» en l’accusant de brader les droits plitiques (sic) pour extrémisme caractérisé. Il est paradoxal que cette attaque en règle soit inaugurée par le Centre, dont la vocation humaniste tremble devant les hordes d’trangers qui risquent de pointer leur nez dans les affaires du canton. Ce texte est la version non retouchée de la lettre de lecteur soumise au journal, qui a paru le 4 avril sous titre “Il n’y a pas la de quoi terroriser l’électeur “ (dans le journal : https://tinyurl.com/2awnma25) .
L’initiative Vievoixici, agendée au 9 juin, a subi les foudres du « conseiller spécial » de la présidence du Centre. Original, réviser les droits de 2005 l’incite à inviter le peuple à rejeter, comme son parti l’a tenté par deux fois au Gd Conseil, une « braderie des droits politiques » taxée d’extrême.
Qualifier ainsi le mot à mot du projet que sa regrettée collègue, Mme Anne-Marie von Arx, avait porté avec enthousiasme, insulte le souvenir sans étonner. En 2021, à l’unisson de son prédécesseur[1], l’ex-présidente aujourd’hui Conseillère d’Etat avait imposé le virage contre l’entrée en matière et gonflé le score d’une droite … extrême. Ce vote, rompant avec l’humanisme des commissaires du parti, a enterré à une voix près le projet déposé en 2019 avec six collègues et forcé ses partisans à l’initiative populaire pour permettre au peuple de trancher. En trois ans, ce parti n’a avancé ni amendement ni contreprojet pour une version « plus consensuelle et mesurée » dont le mentor dit rêver.
L’électorat devrait sanctionner l’indécence et l’hypocrisie du procès, mais venons au fond.
- Extrême que vouloir inséparables le droit à manifester sa volonté et à solliciter le suffrage de ses pairs pour la mettre en pratique, de penser l’éligibilité en pendant du droit de vote ?
- Extrême d’emboîter le pas à Vaud, Jura ou Fribourg, au suffrage féminin comme à la majorité civique ?
- Trompeur le libellé « Une Vie ici, une voix ici » pour ne pas distinguer entre voix d’électeur et d’élu ?
- Extrême de ne rajouter ni couleur de passeport ni type de permis à la durée de résidence légale en vigueur ?
Allons donc !
L’inconséquence débouche sur le tarabiscotage d’exemples censés terroriser l’électeur. Observer qu’un conseiller d’Etat étranger pourrait par rotation devenir son président ne manque pas de sel. L’expérience municipale montre, de par le maintien prévu du préalable de 8 ans de séjour, qu’il faudrait pour l’élire qu’un vote en bloc d’env. 4% d’étrangers prévale sur celui bien généreux des 20% de suisses. La menace d’envoyer à Berne un étranger sur 246 est aussi grotesque. Quand cela serait, éviter un improbable engouement populaire justifierait de continuer d’exclure 40+% de résidents et négliger l’apport vivifiant de quelque 18’000 citoyens actifs ? On brandit en xénophobe l’exception pour occulter la règle et le sens de la mesure masque l’absence de celui de la proportion.
Concluons. Pas d’extrême en vue sinon l’acharnement à combattre la conséquence du vote acquis en 2005, délivrer enfin la citoyenneté cantonale des résidents de tout obstacle d’origine et de nationalité, ni plus ni moins que ce qu’autorise la Confédération[2].
Dario CIPRUT, président honoraire DPGE, 25 mars 2024
[1] M. dal Busco au nom d’un Conseil d’Etat divisé et à la veille de pousser l’un de ses membres vers la sortie.
[2] , et que vient de reconnaître le LJS.